Histoire
Séance de Fondation de l’Association Amicale des Anciens Elèves de l’Externat des Enfants Nantais.
18 juillet 1888
Le 18 juillet dernier, les anciens élèves de l’Externat des Enfants-Nantais s’étaient donnés rendez-vous dans la maison qui abrita leur jeunesse, pour poser les bases d’une Association amicale.
A peine, en effet, les humanités sont-elles terminées que les exigences de la vie dispersent au loin les condisciples d’hier, et le souvenir de ces années de collège, si vite écoulées, ne tarderait pas à s’effacer sans le secours des Associations amicales, qui réunissent les camarades d’autrefois et resserrent entre eux les liens d’une vieille amitié.
M. l’abbé Pergeline avait toujours rêvé ce couronnement à son oeuvre. Aussi quand l’idée lui en fut soumise, il l’accueillit avec joie et encouragea de toutes ses forces ceux qui se proposaient d’en être les promoteurs.
Dès le matin, un groupe nombreux d’anciens élèves auxquels s’étaient joints leurs jeunes camarades des classes supérieures, était réuni dans cette chapelle où tous, aux jours de leur enfance, s’étaient si souvent agenouillés.
Monseigneur l’Evêque de Nantes, dont le dévouement n’hésite ni ne se fatigue jamais, était venu leur apporter ses encouragements, ses bénédictions, et célébrer la sainte Messe pour le succès de l’oeuvre entreprise.
Leur vénéré Supérieur les attendait aussi pour leur souhaiter la bienvenue. Du haut de cette même chaire, il leur adressait autrefois, avec la douce persuasion de l’exemple, les conseils excellents que lui dictait son coeur de père. Aujourd’hui, un cantique d’actions de grâces s’échappe de ses lèvres, à la vue de ces générations auxquelles il apprit à épeler dans le livre du bien, et il sait trouver au fond de son coeur des accents d’une tendresse charmante, car il a devant lui tout le passé de ce collège qu’il aime tant, et à la prospérité duquel il a consacré toute sa vie.
C’est avec l’autorité que lui donne son âge, qu’il vient rappeler à ses auditeurs leurs anciens et peut-être leurs meilleurs souvenirs, les souvenirs de cet heureux temps où l’on ne connaît pas encore les soucis! C’est par des paroles empreintes du bonheur le plus complet et de la plus tendre affection, qu’il les remercie de lui donner, par leur présence, la récompense la plus douce de sa laborieuse carrière.
Il n’est pas possible d’analyser cette allocution pleine de charme, où l’émotion profonde ajoutait encore à la grâce d’une éloquence naturelle, toujours fraîche et jeune; on la trouvera tout entière à la fin du compte-rendu.
La Messe achevée, la salle des fêtes est envahie pour les assises de la première Assemblée générale.
M. Padioleau, doyen d’âge, est acclamé Président.
Il remercie ses condisciples de l’honneur qui lui est fait et demande que l’assemblée veuille bien désigner un bureau provisoire qui, une fois les premières formalités remplies, cèdera sa place au bureau définitivement et régulièrement constitué.
M. l’abbé Touchet, MM. Le Cour, Amouroux, Pierre Pichelin et A. Mahot, sont successivement désignés pour prendre place sur l’estrade. M. Henri Le Meignen est choisi pour remplir les fonctions de secrétaire.
Sur l’invitation du Président, M. Pierre Pichelin prend la parole, et en termes clairs et précis explique le but de la réunion.
"Depuis longtemps, dit-il, bon nombre de nos amis, avaient émis l’excellente pensée de former entre les élèves de l’Externat, une Association amicale, comme il en existe entre les élèves de beaucoup de grands collèges. Jusqu’à ce jour, le projet n’avait pu être mis à exécution : il s’agit aujourd’hui de le réaliser!
La tâche, du reste, sera d’autant plus facile, que quelques-uns de nos anciens camarades ont pris l’excellente initiative d’étudier et de rédiger un projet de statuts; quand le texte en a été suffisamment arrêté pour faire l’objet d’une sérieuse discussion, ils ont dressé, avec le concours le Monsieur l’Econome, une liste de tous les élèves qui ont passé par l’Externat, et ont convoqué tous ceux dont ils sont parvenus à retrouver les adresses. Ils viennent vous soumettre le projet qu’ils ont élaboré."
A la suite de ce rapide exposé des travaux préparatoires du Comité d’organisation, M. A. Mahot est invité par M. le Président à donner lecture du projet de statuts. Il commence par le lire en entier; puis chaque article est repris à part et soumis à la discussion générale: le Président fait voter successivement sur chacun des articles.
M. Padioleau déclare alors le texte des statuts définitivement arrêté et l’Assemblée procède à l’élection régulière du Bureau, chargé d’administrer l’Association pendant le premier exercice.
Le scrutin est ouvert conformément à l’article 5 des Statuts.
Après le dépouillement des bulletins, M. Padioleau proclame les Quinze noms ayant obtenu le plus grand nombre de voix..."
"...L’assemblée passe ensuite à l’élection du Président et des deux Vice-Présidents.
M. Ch. Le Cour Grandmaison, député, est acclamé Président;
MM. Pierre Pichelin et A. Mahot sont désignés à la Vice-Présidence.
M. Padioleau ayant rempli la mission qui lui était dévolue remet ses pouvoirs entre les mains de M. Le Cour.
Le nouveau Président tient à exprimer à ses camarades sa profonde reconnaissance pour la confiance qu’ils veulent bien lui témoigner: il comprend toute l’importance de l’oeuvre qui se fonde: toutes ses sympathies lui étaient acquises d’avance et tous ses efforts tendront à la faire grandir et prospérer.
L’assemblée avant de se séparer décide que l’autorisation légale sera demandée.
MM. Padioleau et Reneaume sont chargés de faire les démarches nécessaires pour obtenir cette autorisation.
Le soir, un banquet organisé par les soins du Comité d’initiative termine cette journée si heureusement commencée.
Autour de la longue table dressée dans la vieille salle de récréation, maîtres et élèves prennent place et confondent leurs rangs dans une cordialité charmante.
On retrouve d’anciens camarades qu’on n’avait pas vus depuis la sortie du collège! On se reconnaît; les conversations s’engagent, on interpelle les vieux amis, on évoque les vieux souvenirs et, pour quelques heures trop rapides, on revit avec délices ce beau temps de la jeunesse où l’on était encore un petit écolier!...